
ÁGA, un film intime, onirique et symbolique |
Mercredi, 21 Novembre 2018 10:10 |
![]()
-30 à -42 °, un paysage immaculé, la terre et le ciel se confondent, le vent souffle, le soleil est à son zénith, tout semble abstrait et pourtant, des vies sont là, avec Sedna qui ouvre le film en jouant un air avec sa guimbarde, pendant que son mari, Nanouk, creuse un trou dans la glace d’une profondeur impressionnante pour tenter de pêcher un poisson. Son chien, grand complice, l’observe. Et pour nous, la contemplation commence… l’étonnement aussi. Un enchaînement de pleins et de vides, de blanc et de sombre, de pureté et de sang, de chaleur et de froid, de douceur et d’amertume, autant de symboles qui percent l’écran et nos cœurs. Sedna souffre, en silence, d’une plaie au ventre qu’elle tente de soigner avec des onguents préparés avec grand soin. De son côté, Nanouk pêche et chasse (avec des pièges) pour ramener nourriture et peau pour confectionner des vêtements et des chapkas. Sa quête est très difficile et lui aussi, confronté aux éléments hostiles de la nature au cœur de l’hiver, où les denrées et les ressources se font extrêmement rares, souffre en silence.
Lorsque Sedna regarde trois rochers, elle ne prononce qu’une phrase : « Ils ressemblent à des parents avec leur enfant. Eux, seront toujours là… »
En effet, leurs deux enfants sont de jeunes adultes qui ont préféré rejoindre la « civilisation » pour travailler et bénéficier du monde moderne. Le fils rend visite à ses parents de temps en temps mais leur fille, jamais, depuis qu’elle est partie travailler dans une mine de diamants, il y a fort longtemps. Sedna et Manouk pensent toujours à elle, bien évidemment, puisque pour eux, rien n’est plus sacré que la famille.
Ils vivent de manière totalement ancestrale tandis que les avions qui passent dans le ciel leur rappellent qu’ailleurs, la contemporanéité existe bien. Très peu de paroles sont prononcées dans ce film d’une beauté presque mystique. Les échanges se font principalement par les regards, les signes et attouchements, les contes et les rêves. Le images du film sont d’une esthétique éblouissante avec de nombreux instants de pure méditation. La 5ème symphonie de Malher nous plonge dans un état mélancolique qui correspond bien à l’ambiance générale. Elle reste en nous de longues heures tout comme la blancheur de la neige et de la peau du renard… douce, presque humaine.
ÁGA est un film puissant, profond, poignant aux images exceptionnelles. Le réalisateur ne se trompe pas lorsqu’il le qualifie de conte métaphysique.
Florence Courthial
ÁGA Un film de Milko Lazarov Sortie nationale le 21 novembre 2018
ARIZONA DISTRIBUTION
Équipe artistique Nanouk : Mikhail Aprosimov Sedna : Feodosia Ivanova Ága : Galina Tikhonova Chena : Sergey Egorov Le chauffeur de camion : Afanasiy Kylaev
Équipe technique Réalisation : Milko Lazarov ; Scénario : Milko Lazarov, Simeon Ventsislavov ; Image : Kaloyan Bozhilov ; Son : Johannes Doberenz, Sebastian Schmidt, Florian Marquardt ; Décors : Ariunsaichan Dawaachu ; costumes : Vanina Geleva, Daria Dmitrieva ; maquillage : Natalya Tomskaya, Raisa Kolodeznikova ; montage : Veselka Kiryuakova, Penka Kouneva ; Productrice : Veselka Kiryuakova (Red Carpet) ; Co-producteurs : Eike Goreczka, Christoph Kukula (42 FILM), Guillaume de Seille (Arizona Productions), BNT, ZDF/ARTE
Ventes internationales : BETA CINEMA Presse : Ciné-Sud Prmotion Claire Viroulaud & Anne-Lise Kontz : tél. 33 1 44 54 54 77
|